Restos du cœur du Finistère : « On va être obligés de réduire les dotations des bénéficiaires »
La 38e campagne des Restos du cœur vient d’être lancée et déjà le siège finistérien, à Saint-Ségal, s’inquiète. Une hausse des bénéficiaires et des dons en baisse menacent l’équilibre de l’association caritative.
Juste avant l’hiver, les Restos du Coeur viennent de lancer leur 38e campagne et la situation est plutôt préoccupante.
« Nous subissons de plein fouet un effet ciseaux. Les demandes de bénéficiaires augmentent de façon importante et d’un autre côté les dons diminuent, qu’il s’agisse des subventions des collectivités ou des dons des entreprises qui travaillent davantage en flux tendus », s’alarme Loïc Spagnol, président du siège finistérien des Restos du cœur. Le responsable a fait un point de la situation auprès de Maël De Calan, le président du Conseil départemental, venu à l’écoute des besoins de l’association, au siège de Saint-Ségal, le jeudi 24 novembre 2022.
De nouveaux acteurs sur le marché
Pour une campagne, les Restos du coeur ont besoin de 1 582 tonnes de marchandises, dont 70 % proviennent des ramasses dans les grandes surfaces. Mais ce poste est actuellement le plus impacté : les opérations anti-gaspi, les rayons de produits proches de la date limite et les magasins spécialisés dans la revente de ce type de produits changent la donne et ne permettent plus aux associations de bénéficier de ces denrées. La solution ne viendra donc pas des grandes surfaces et de l’agroalimentaire.
Lors de la précédente campagne, l’association dénombrait 10 300 bénéficiaires, dans le Finistère. En novembre 2022, 12 000 personnes sont déjà inscrites et la campagne va durer quatre mois. Depuis le début de la campagne, le nombre de familles a augmenté de 23 %.
L’association estime que jusqu’en avril 2023, 2 500 000 repas devraient être nécessaires (l’an passé, 1 600 000 repas avaient été distribués). « On va être obligés de réduire les dotations des bénéficiaires et faire avec nos stocks qui ont beaucoup diminué », regrettent les responsables de l’association.
La crise énergétique en toile de fond
Le président a également évoqué les effets de la crise énergétique. « Nos associations ne bénéficient pas de bouclier tarifaire. Il faut pourtant faire fonctionner les frigos et les congélateurs et assurer les transports quotidiens vers nos centres. Allons-nous y arriver ? », s’inquiète Loïc Spagnol.
Maël De Calan a assuré les responsables du soutien du Conseil départemental. « La subvention va être reconduite (20 000 €) et nous serons là en cas de grosse difficulté ». Il a également remis cinq nouveaux ordinateurs pour les centres finistériens qui fonctionnent grâce à 900 bénévoles.
Un centre itinérant en 2023
Le président Spagnol a également évoqué la situation particulière du centre brestois, qui a vu sa fréquentation augmenter de 20 %, et le besoin d’un nouveau camion frigorifique. Le Conseil départemental avait contribué à l’achat d’un camion en 2022. Il sera de nouveau aux côtés des Restos pour ce second véhicule.
Par ailleurs, le Département accompagnera le lancement d’un centre itinérant à bord d’un véhicule qui sillonnera les communes éloignées des centres, dès le début 2023. Contact a été pris avec des communes éloignées des centres de distribution dans le Centre-Finistère, Cap Sizun… Les municipalités intéressées fourniront un local pour prendre les inscriptions et le camion des Restos stationnera dans un endroit proche de la mairie, à l’occasion de tournées régulières qui seront annoncées via la presse.
ORIGINE : LE TELEGRAMME DU 26 NOVEMBRE2022