CARHAIX : « Ça m’aide pour les fins de mois »: dans les pas de deux bénéficiaires des Restos du cœur
La campagne d’hiver des Restos du cœur a démarré en début de semaine à Carhaix (Finistère). Nous avons suivi Gaëlle et Ameline, deux bénéficiaires, lors d’une distribution de repas.
Ce matin du mardi 23 novembre 2021, les allées et venues ne s’interrompent pas dans l’étroite rue Henri-Leclerc du centre-ville de Carhaix (Finistère). Les Restos du cœur ont investi le rez-de-chaussée, transformé en supérette. Ce début de semaine est particulier : c’est le coup d’envoi de la campagne d’hiver. En 2020, 175 familles étaient inscrites lors de la période hivernale. En trois jours cette année, 126 familles se sont inscrites.
Vers 10 h 30, Gaëlle 40 ans, ancienne factrice et aide à domicile, pousse la porte d’entrée accompagnée de sa cousine Ameline, 28 ans, ancienne salariée de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural). Elles sont en recherche d’emploi depuis plusieurs années et habitent dans le Poher.
Elles font leurs courses aux Restos du cœur depuis près d’un an. « Dès que j’ai emménagé ici, on m’a dit que j’en avais le droit, rapporte Ameline. Au début, je n’avais pas très envie. Je pensais que ce n’était que pour les gens qui habitent dans la rue. Mais en fait, non. Et ça m’aide bien pour les fins de mois. »
« Les personnes seules sont aidées à hauteur de neuf repas par semaine, explique Mado Guillou, responsable du centre de Carhaix. Il y a plusieurs étals : légumes frais et produits d’accompagnement, produits laitiers, protéines, desserts. Plus du pain, du lait, et des produits d’hygiène ou de nettoyage. Chaque bénéficiaire peut donc repartir avec des repas équilibrés pour la semaine.
« La marchandise nous vient du Département avec une dotation faite en fonction du nombre de repas servis la semaine précédentes. On récolte aussi dans des grandes surfaces en début de semaine : à l’Intermarché de Gourin et de Rostrenen, au Leclerc de Châteauneuf-du-Faou et de Carhaix, au Casino de Carhaix et dans une boulangerie carhaisienne. Chaque semaine, cela représente entre 600 kilos et une tonne de denrées récoltées », détaille la responsable.
Serge, 60 ans, est en charge de réceptionner la marchandise, le lundi matin, pour les mettre dans les rayons. « Je suis bénévole depuis plusieurs années. J’étais en Seine-et-Marne avant de revenir il y a quatre mois dans le Poher. Il y a de plus en plus de jeunes bénéficiaires, ça fait mal au cœur. »
Mado Guillou confirme : « Depuis un an, on note une progression du nombre de jeunes. Cet été, il y avait 246 familles inscrites, soit 78 % de hausse par rapport à l’été 2020. Sur ces 246 familles, il y avait 93 jeunes âgés de 18 à 25 ans. Souvent, c’est lié à une rupture avec leur famille. »
« Je ne suis pas défaitiste »
Pour s’inscrire, il faut entrer dans le cadre de barèmes décidés par l’association au niveau national. « Lorsque vous voulez vous inscrire, vous rencontrez deux bénévoles qui étudient votre profil. On vous demande vos coordonnées, la composition de la famille, les revenus et les charges. Ensuite, on arbitre en fonction du barème. On n’est pas là pour juger. C’est de l’accueil inconditionnel une fois que la personne ou la famille est inscrite, développe la responsable du centre carhaisien. Si on ne peut pas les aider, on les dirige vers d’autres structures. »
Gaëlle et Ameline, très joviales ce matin, terminent leur tour avec les sacs remplis. « L’ambiance est très bonne, les gens sont hypergentils. Moi, je ne suis pas défaitiste, lance Gaëlle. Seulement, quand on voit les factures arriver, on se demande comment on va faire. »
Origine : OUEST FRANCE du 28/11/2021