À Carhaix, les Restos du Cœur, ce n’est pas que des repas
L’antenne carhaisienne des Restos du Cœur vient en aide à plus 170 familles depuis le début de la campagne d’hiver. Nous avons rencontré ces hommes et femmes qu’une dure réalité amène à pousser la porte de l’association.
Ils n’étaient en général pas surendettés mais vivaient ric-rac avant la crise sanitaire. Depuis, certains ont sombré dans la précarité et ont poussé la porte des Restos du Cœur, rue Henri-Leclerc à Carhaix. Parmi eux, des jeunes, comme Pierre , 25 ans, qui a perdu son travail quelques jours après le deuxième confinement début novembre 2020, et Célia, 20 ans, que le coût de la vie a poussé à s‘inscrire aux Restos. « Je fais des petits boulots en attendant de reprendre des études », explique la jeune femme. Les jeunes ne sont pas les seuls à solliciter l’aide de l’association.
Séparation, emploi précaire
Des personnes seules, des mères célibataires ou divorcées sont elles aussi confrontées à la précarité. C’est le cas de Noëlle, la petite cinquantaine. Avec des enfants en âge de faire des études, elle avoue « avoir du mal à y arriver ». Depuis dix ans, elle n’a pas eu d’activité professionnelle stable et assez rémunérée. Après son divorce, sa situation s’est dégradée. Aujourd’hui, elle touche environ 800 € par mois, dont plus de la moitié part dans le loyer, l’électricité et les assurances. Le reste est principalement consacré à ses enfants. Autre bénéficiaire rencontrée rue Henri-Leclerc, Sandrine. Cette Carhaisienne avoue avoir mal vécu la séparation d’avec le père de ses enfants. « Je n’ai pas non plus toujours fait les bons choix sur le plan professionnel », glisse-t-elle. Comme Noëlle, Sandrine garde néanmoins toujours l’espoir de s’en sortir. « Je rêve de revenir aux Restos uniquement comme bénévole », ajoute, tout sourire, la mère de famille.
François, lui, a eu recours à l’association par intermittence au cours de ces dix dernières années. « Je ne vis pas toute l’année en Centre-Bretagne. Je fais des saisons. Enfin, quand tout va bien. Car fin 2019, je me suis fais mal au dos. Puis, il y a eu la Covid et c’est devenu très difficile d’autant que je n’ai jamais été du genre à économiser ».
Des bénévoles à l’écoute
Tous sont reconnaissants aux Restos et tous en sont persuadés : il y a des gens qui ont autant besoin d’aide qu’eux, mais qui ne veulent pas venir. « Il y a toujours la honte qu’on peut ressentir à se rendre compte qu’on est pauvre, honte par rapport à soi, mais aussi à l’entourage, au voisinage. Il y a une sorte de fierté qui fait qu’on n’accepte pas de franchir la porte des Restos », soupire François. Sophie est de celles-là. Cette mère de trois enfants en bas âge, venue accompagner une amie bénéficiaire, ne se résout pas à passer le cap. « Pourtant, les fins de mois sont difficiles. Mais j’estime ne pas être la plus à plaindre car j’ai un CDI à temps partiel et, surtout, je suis propriétaire de mon logement ».
Des travailleurs précaires, des personnes qui ne travaillent qu’à mi-temps, et qui ne peuvent pas s’en sortir, une fois payés les loyers, la voiture, l’électricité, les bénévoles en croisent de plus en plus. Des bénévoles qui prennent aussi le temps d’échanger avec les bénéficiaires. Certains viennent aussi pour cela : trouver une oreille attentive, recevoir un mot d’encouragement et quelques sourires, dénouer une situation compliquée. Plus de 170 familles sont actuellement inscrites, précise Marie-Magdeleine Guillou, responsable de l’antenne carhaisienne, qui depuis l’ouverture de la campagne d’hiver a distribué plus de 12 000 repas.
Pratique
Les Restos du Cœur sont ouverts le lundi, de 13 h 30 à 17 h, et le mardi, de 8 h 30 à 11 h, rue Henri-Leclerc, à Carhaix (à proximité de la place de La Tour-d’Auvergne. Contact : tél. 09 60 47 29 52 ou restoducoeur@orange.fr
ORIGINE : LE TELEGRAMME DU 23 JANVIER 2022